Les métiers de la forêt
Ce thème de séjour a pour objectif de sensibiliser les enfants aux métiers traditionnels de la forêt. La fabrication de charbon de bois tel qu’il était fait autrefois permettra de comprendre comment des techniques ont évolué avec le temps. Notre monde change de plus en plus vite, les activités professionnelles aussi, il ne faut pas oublier ce qui a façonné notre environnement social et culturel.
La fabrication traditionnelle du charbon de bois est une expérience riche en émotions pour les enfants comme pour les adultes. C’est une chance d’avoir eu avec nous toutes ces années, Patrick Beauvais dont le père était l’un des derniers charbonniers de la forêt d’Orléans, il lui a transmis son savoir avant d’arrêter cette activité, Patrick nous l’aura transmis à son tour.
Au delà du fait de découvrir ce métier, les activités complémentaires comme la visite du musée St Sauveur de Nibelle ou la rencontre avec un garde de l’ONF permettront de voir comment la vie et les activités en forêt ont changé.
Ce séjour permet aussi de découvrir la nature en participant à : un atelier de découverte des arbres réinvestis pour la fabrication de fusains ou à un jeu d’orientation.
Il faut voir dans l’activité charbon de bois un support original et unique pour développer la coopération et l’entraide chez les enfants qui y participent.
L’activité principale prenant beaucoup de temps, il n’est pas évident d’envisager d’autres activités de découverte en parallèle de celles déjà proposées. Cependant, n’hésitez pas à nous faire parvenir vos demandes spécifiques afin qu’on étudie la faisabilité.
Les activités charbon de bois :
Après avoir découvert sur la charbonnière, la meule construite par la classe précédente et compris que le charbon s’obtient suite à une longue carbonisation du bois (cuisson à l’étouffée) les enfants pourront se concentrer sur les missions qui leurs seront confiées.
– Ramassage et mise en place de la mousse.
Nous partons dans les parcelles avec la griffe, le croc et les râteaux, les cagettes afin de recueillir le couvert végétal qui empêchera la terre de tomber au cœur de la meule lors de la cuisson. Pour nous, ce sera la mousse récoltée au pied des arbres qui servira de protection. Nous veillerons à agencer méticuleusement cette dernière sur la charbonnette afin d’éviter la formation de trous qui laisseraient entrer l’oxygène par la suite. Ce serait le risque de perdre la production de nos petits charbonniers qui n’auraient plus que la cendre à ramasser.
– Terrassement et préparation de la nouvelle charbonnière.
Lors de l’arrivée des enfants, une meule était déjà en place. Avant d’envisager nous aussi d’en construire une, il faut s’assurer que le terrain est convenable. Nous avons besoin d’une charbonnière qui soit la plus plane possible, nettoyée de toutes ses herbes et dont le pourtour est fait d’un cordon de terre meuble et poudreuse. Nous allons pour cela effectuer le terrassement à l’aide de pelles, de râteaux… Le travail d’équipe et l’organisation sont de mise !
– Allumage de la meule.
Mardi matin 6h30, nous nous levons plus tôt qu’à la normale… C’est l’heure pour les charbonniers de se rendre auprès de leur meule recouverte de mousse la veille. Pour avoir une quantité suffisante de braises, un feu est déjà allumé dans la clairière.
Nous reparlons tous ensemble des étapes de fabrication du charbon afin de se souvenir dans quel ordre nous devons pratiquer l’allumage. Après avoir enlevé le pieu central, les enfants accompagnés d’adultes apportent les pelles de braises au charbonnier perché au sommet du monticule de bois. Il les fait tomber à cœur. C’est parti pour 30 à 40 heures de cuisson.
– Construction de la nouvelle meule
Durant la cuisson, le charbonnier ne reste pas inactif. Nous commençons la fabrication de la nouvelle meule. Première étape positionner le pieu d’allumage au centre de la charbonnière. Les enfants vont devoir se questionner, expérimenter pour trouver cet emplacement précis. S’en suivra la mise en place de petit bois et les premiers morceaux de charbonnette le long du piquet. Un rang de plus, puis le suivant et encore un autre… jusqu’à épuisement de nos 4 cordes de charbonnettes stockées sur le coté.
– Cuisson
Ce n’est pas l’étape la plus physique du métier mais elle requiert une attention de tous les instants. Nos charbonniers savent maintenant que lorsque de la fumée bleue sort de la meule, il y a de l’oxygène qui pénètre. Cela trahit la présence d’un trou, ils se relaient par petits groupes, pour effectuer une surveillance et reboucher avec mousse et terre si nécessaire. Le va et vient durera comme cela toute la journée. Un adulte charbonnier veillera toute la nuit pour les mêmes raisons.
– Étouffement et refroidissement.
Cette étape n’est pas réalisée par les petits charbonniers. Elle nécessite un travail où la croûte formée par la mousse et les gaz de combustion va être cassée mettant le charbon brûlant à l’air libre avant d’être recouvert de terre pour l’étouffer. De plus, cela se fait au fur et à mesure que la cuisson de la meule se termine. Les enfants passeront un moment à observer, questionner, et toucher leurs premiers morceaux de charbons refroidis avant de retourner sur les activités de découverte. La meule restera ainsi à refroidir durant deux nuits et une journée avant d’être ouverte pour la mise en sac.
– Défournement
Avec les raclettes, nous allons enlever la terre se trouvant à la surface de la meule pour la remettre sur le cordon et éviter de remplir nos sacs avec. A l’aide des crochets, des griffes, nous allons maintenant pouvoir ouvrir et étaler le charbon sur l’ensemble de la charbonnière. Nous allons observer s’il y a d’éventuels départs de feu à éteindre. Il arrive souvent que de petits foyers se réveillent avec l’apport d’oxygène. Autour de nous la poussière noire s’envole, le charbon crépite, il fait chaud mais nous pouvons enfin apprécier le fruit de notre labeur. Les yeux s’émerveillent à la vue de tout ce charbon étalé devant nous, tout ce bois qui était méticuleusement agencé il y a encore quelques jours. Nos visages sont noirs mais nous pouvons apercevoir le blanc de nos dents derrière nos sourires.
– Mise en sac.
Maintenant que notre charbon a refroidi sans départ de feu nous pouvons passer à la mise en sac. Cette dernière étape consiste à récupérer toute notre production à l’aide d’une resse, sorte de tamis qui permet de supprimer la terre et les petits morceaux. Cette dernière de forme conique facilite aussi le versement dans les sacs. Il ne reste plus qu’à espérer que la pluie ne pointera pas le bout de son nez au risque de rendre le charbon humide et inutilisable.